Noël 2020

« tous ceux qui les entendirent furent stupéfaits de ce que leur disaient les bergers. »

(Luc 2,18)

Les bergers, surpris par cette splendeur et le chant mélodieux des anges, éblouis au plus profond d’eux-mêmes, émerveillent tous ceux qui les rencontrent et leur joie se répand dans tous les cœurs.
Par cette nouvelle célébration de la venue de l’Enfant-Jésus en ce temps si troublé, puissions-nous accueillir à notre tour cette joie pour la transmettre à tous ceux que nous

rencontrons et, dans la communion des saints, au plus grand nombre. Que ce temps de confinement qui invite et porte au silence intérieur nous fasse découvrir plus profondément et plus intensément la merveilleuse réalité de Noël.

Chers frères et sœurs, chers parents, amis, bienfaiteurs,
en ce Noël 2020 et au seuil de l’année 2021, nous sommes heureuses de vous partager un peu de ce qu’a été notre vie ‘façon 2020’ et de vous présenter nos meilleurs vœux pour l’année qui vient.

Comment peut-on aborder cette rétrospective sans revenir sur la situation exceptionnelle, rencontrée avec l’arrivée du virus «Covid 19» et de la pandémie qu’il a engendrée ?

Ici, au Carmel, nous avons la grâce de pouvoir célébrer la Messe à « huis clos » tous les jours, celle-ci étant fidèlement assurée par notre Aumônier. Qu’il en soit vivement remercié. De notre côté, nous tenons à mettre un soin tout particulier à la liturgie : rares sont ceux qui bénéficient des sacrements, nous sentons que nous sommes là pour tous ceux qui ne peuvent nous rejoindre. C’est en leur nom que nous vivons toute la liturgie du carême et du Temps Pascal ; que nous célébrons la victoire de la Vie.

Tout en goûtant le silence prégnant qui nous environne – plus de circulation, plus de sportifs ni de matchs dans le stade voisin, plus de rires d’enfants dans la cour de l’école – nous partageons l’angoisse et l’inquiétude des personnes malades, des familles qui ont perdu l’un des leurs, des personnes inquiètes pour leur avenir… Ce vendredi 27 mars au soir, nous nous unissons et communions à la prière du Pape lorsque, seul sous la pluie, il prie et bénit le monde entier. Moment intense empreint de gravité.

Au cœur de cette épidémie mondiale, nous rendons grâce aussi pour la belle solidarité, l’attention aux autres, la bienveillance, la fraternité qui surgissent ici ou là et dont nous sommes témoins.

Par bonheur à l’entrée en vigueur du confinement, nous avons un hôte, neveu de l’une

d’entre nous, venu quarante-huit heures travailler notre site internet. Les deux jours se transforment en deux mois – circonstances obligent… L’occasion pour lui de demeurer ici se révèle bien heureuse pour nous ! Il finalise notre site avec beaucoup de talent, ce dont nous ne pourrons jamais assez le remercier ; et voyant le confinement perdurer, l’idée lui vient d’y rendre accessible chaque jour les offices de Laudes et de Vêpres. Outre le fait de garder
un lien spirituel avec nos fidèles cette «retransmission» permet de répondre à la
solitude ressentie par beaucoup à ce moment-là et de créer une réelle
communion entre nous. Moments qui nous valent plus d’un fou rire, puisque non
seulement nos voix « angéliques » sont enregistrées, mais aussi tous les bruits plus
ou moins opportuns : craquements de parquet, toux mal venue, fausses notes ou
encore éternuements… De plus la consigne est donnée de patienter trois
secondes entre la fin d’un psaume et le début de l’antienne, la fin de l’antienne et le psaume suivant… les sœurs prises dans leur élan s’élancent puis stoppent net en se rappelant subitement le temps de silence imposé. Les impératifs techniques nous amènent ainsi à vivre des situations cocasses… c’est décidé, nous ne nous lancerons pas dans l’enregistrement d’un CD liturgique ! mais nous sommes heureuses d’offrir à nos proches ces temps de prière.

Au cœur du confinement notre postulante Delphine revêt l’habit du Carmel le 25 mars et porte désormais le nom de sœur Delphine du Dieu Vivant. Ce 8 Décembre, c’est Oriane qui devient sœur Oriane-Marie de la Trinité en recevant à son tour l’habit de la Vierge. Nous les confions toutes deux à votre prière et demandons à Notre Dame de les accompagner sur leur chemin respectif.

Si bon nombre de réunions de formation se trouvent annulées, quelques unes ont pu fort heureusement se tenir et parmi elles nous suivons et apprécions celle du Père Benoît-Dominique de La Sougeole, op, en début d’année puis les conférences des pères carmes Jean-Honoré et Louis-Marie, nous permettant un approfondissement de nos connaissances. Pareillement notre retraite communautaire sur « les demeures » s’est terminée juste à temps pour permettre au Père Philippe Raguis, ocd, notre prédicateur, de retrouver son couvent de Toulouse avant le confinement.

Chaque mois nous poursuivons nos chapitres de communauté et continuons à préparer notre « projet de vie ». Ces rencontres régulières tissent des liens profonds entre nous et progressivement façonnent et approfondissent nos relations fraternelles. Travailler un thème ensemble, se demander pardon et pardonner nous aident à mieux nous connaître et mieux nous aimer les unes les autres.

Mi-juillet nous accueillons sœur Michèle du Carmel de Marseille venue découvrir notre communauté et nous gardons en nos cœurs la joie de bons moments vécus ensemble. Elle nous dit en partant « très certainement à bientôt » puisqu’ effectivement elle reviendra prochainement, à la fermeture de son monastère, établir sa demeure parmi nous pour chanter les louanges de Dieu.

Après plusieurs mois de travaux débutés l’année dernière et grâce à une bonne coordination entre les entrepreneurs, la rénovation de l’infirmerie et l’aménagement d’un petit ermitage dans l’enceinte du monastère s’achèvent à la fin du printemps. Si le déménagement fut long pour libérer les locaux, il faut plus de temps encore pour réaménager jusque dans les détails.

Dès que possible nos deux sœurs réintègrent avec bonheur leur cellule au sein de l’infirmerie.

Le 8 septembre a lieu la bénédiction de l’ermitage où notre Aumônier nous exhorte à bénéficier de ce lieu de retraite à la manière et dans l’esprit d’Élie pour chercher la Face de Dieu dans la solitude, le silence et la prière cachée.

Celle de l’infirmerie y succède le 17 septembre. Moment vécu avec émotion en présence des entrepreneurs puis nous pouvons leur exprimer notre reconnaissance autour d’un verre de l’amitié.

Grâce à l’heureuse initiative de sœur Chantal, présidente de notre fédération, une bonne communication fraternelle entre nos carmels lors du premier confinement permet de garder un lien étroit entre nos communautés et de prier les unes pour les autres. En cette fin d’été, les prieures sont heureuses de se retrouver à Lyon pour leur réunion annuelle et d’y resserrer encore les liens entre les monastères. Sœur Anne Chapell, invitée pour l’occasion, leur propose un temps d’étude et de réflexion sur la vie communautaire et la vulnérabilité pour nous aider à entrer dans une dynamique de croissance communautaire.

A la mi-octobre, nous vivons une belle semaine dont on peut dire que « ciel et terre se sont touchés ». En effet, la maman de sœur Anne-Françoise décède le 17 avril, en plein confinement, rendant impossible à notre sœur d’être auprès d’elle dans ses derniers jours. Le 19 octobre, ses trois sœurs la rejoignent à Uzès pour la célébration au Carmel d’une messe à l’intention de leur maman. Temps fort de communion et de belles rencontres entre elles et avec la communauté. Sa sœur, Sœur Osanne, moniale bénédictine, a pu rester trois jours pleins au carmel. Grâces et souvenirs !

Dans la même semaine le 22 octobre, Père Mickaël, neveu d’une d’entre nous, célèbre sa première Messe au Carmel entouré de ses parents et de sa famille. Là encore temps d’émotion intense en voyant ce jeune prêtre élever l’Hostie consacrée et nous donner, à chacune, sa première bénédiction. Nous vivons une profonde communion familiale et fraternelle accordée par le Seigneur.

En terminant, nous remercions tous ceux qui de loin ou de près nous aident au long des jours : prêtres, familles, amis, bienfaiteurs, bénévoles, ouvriers. À nous tous, nous formons une grande famille. Grâce à vous, nous pouvons vivre notre vocation cachée au cœur de l’Église dans la prière, intercédant pour tous et pour chacun. Au creux de nos mains jointes, nous ne vous oublions pas, et nous vous souhaitons une année de Paix, de Joie puisées à la source divine sûres que là est le vrai bonheur.

Très joyeux NOËL et meilleurs vœux de sainte Année 2021

vos sœurs carmélites d’ UZÈS